S’inscrire sur Malt ou Fiverr : une perte de temps pour un rédacteur web et SEO ? – Light Agency

Rédactrice web et SEO concentrée devant son ordinateur, assise à un bureau, dans des tons doux de vieux rose, symbolisant la solitude et la réflexion d’une rédactrice web freelance face aux défis du métier à l’ère de l’IA.

Il y a quelques mois encore, je n’avais pas une minute à moiLes briefs s’enchaînaient et les clients aussiJ’écrivais vite, mais j’écrivais bien. Surtout, j’écrivais pour quelqu’un. Aujourd’hui ? Silence. Dans ce silence… il y a aussi la solitude. Celle du freelance qui regarde le virage numérique se prendre sans lui.

Je traverse ce qu’on pourrait appeler une traversée du désert. Depuis l’arrivée de l’intelligence artificielle générative dans le paysage digital, les lignes ont bougéVitetrop viteLes clients ne prennent plus le temps. Ils testent des outils et se tournent vers des plateformes. Beaucoup trop se convainquent, par ailleurs, que des textes générés automatiquement « font le job ». Pendant ce temps, moi (comme beaucoup de mes collègues)… j’ai du temps, beaucoup de temps. Comme la grande majorité de freelances en creux d’activité, j’ai essayé de reprendre la mainJ’ai refait mon sitenettoyé mon profil LinkedInréajusté mon positionnement. Puis, en dernière intention, j’ai complété mes profils sur Malt et Fiverr.

Spoiler : j’aurais peut-être mieux fait d’aller faire une séance à la salle.

S’inscrire sur Malt ou Fiverr : un acte de foi (ou de désespoir ?)

Arrêtons les faux semblants. Quand on crée un profil sur Malt ou Fiverr, on le fait rarement pour le plaisir. C’est la plupart du temps un réflexe de freelance en creux de vague : « Allez, un profil de plus… peut-être que quelqu’un me trouvera. » Alors comme beaucoup, j’ai évidemment passé du temps à soigner mon descriptif. J’ai écrit (encore une fois) une bio à la fois sincèrevendeuse et SEO-friendly (évidemment). J’ai mis de jolies pastilles vertes : « Disponible maintenant ». J’ai uploadé une photo pro (bon ok, je n’en ai pas, je ne suis pas photogénique et je me déteste en photo), mon portfolio, et j’ai croisé les doigts. Et puis… rien. Enfin presque, si je fais abstraction des dizaines de messages d’arnaque reçus dès les premières secondes de mon profil en ligne. Ces plateformes restent pourtant très fréquentées. C’est un marché tendu. L’offre est pléthorique. Les tarifs, tirés vers le bas. Les algorithmes favorisent ceux qui acceptent tout, tout de suite, souvent au détriment de la qualité.
En clair : si vous ne « rentrez pas dans le moule », vous êtes invisibles.

Alors, perte de temps ? Pas forcément. Il faut cependant savoir à quoi s’attendre : ce n’est pas un vivier de clients idéaux. C’est un endroit où vous pouvez faire un peu de volume, parfois, au prix de sa marge et de sa patience.
Autrement dit : si vous cherchez de la reconnaissance, allez plutôt voir votre psy. Si vous cherchez des clients respectant votre valeur, il faudra sans doute chercher ailleurs.

Si vos textes sont traités comme des produits jetables… attendez-vous à être payé comme tel !

Vous ne pouvez pas vendre du contenu comme vous vendriez des chaussettes. C’est exactement pourtant ce que permettent (et encouragent) certaines plateformes. Des fiches standardisées, des offres « à partir de 5 € », des options « express » comme pour une livraison Amazon… et hop, vous voilà transformé en distributeur automatique de phrases toutes faites.

La valeur d’un texte, ce n’est pas sa longueur. Ni sa vitesse de livraison. C’est ce qu’il fait naître : une compréhension, une décision, une émotion. Un bon contenu, à mon sens, ce n’est jamais « juste un texte ». C’est un levier stratégique, une empreinte, parfois même un déclencheur d’achat ou un révélateur de marque.

Dans l’univers de la micro-prestation, tout cela s’efface. On parle « quantité »« délai »« prix à la ligne ». Le fond ? L’originalité ? L’angle ? Évaporés. Si vous jouez ce jeu-là, ne vous étonnez pas d’être traité comme un rouage interchangeable. Ce n’est pas parce que tout le monde vend « des mots » que vous devez oublier votre métier : la rédaction web, ce n’est pas du remplissage, c’est de l’architecture.

Croyez-moi, les clients qui savent cela… ne commandent pas leurs fondations sur un site de freelances discount.

J’ai voulu « rentrer dans le moule »… et j’ai eu l’impression de vendre mon âme au diable

Je ne vais pas jouer la carte de la rédactrice désabusée crachant dans la soupe. J’ai collaboré pendant plus de trois ans avec la plateforme Scribeur et j’y ai trouvé des clients respectueux, un cadre clair et même du plaisir à écrire. Comme quoi, les plateformes ne se valent pas toutes.

Ce modèle, aujourd’hui, semble s’effriter. Tout va plus vite. Tout est plus lisse. Moins de temps pour briefer, pour échanger, pour co-construire. Alors, on ajuste. On reformate ses offres. On écrit des textes « express », on promet des livraisons « dans l’heure ». Petit à petit, on se transforme en prestataire anonyme, en rédacteur sans boussole, sans voix, sans exigence.

J’ai voulu, moi aussi, suivre le mouvement. Je me suis inscrite sur de nouvelles plateformes, j’ai rentré mes tarifscoché mes casesrempli des fiches. Très franchement ? J’ai eu l’impression de m’effacer. D’écrire pour cocher, non pour toucher. D’être une option parmi tant d’autres. Je n’ai pas perdu mon âme, mais j’ai bien vu comment elle aurait pu se diluer. C’est là que le vrai problème apparaît. À force de vouloir être en adéquation avec les attentes du marché (rapiditéfluiditéprix mini) on finit par ressembler aux machines qu’on pensait combattre. L’IA ne rédige pas mal. Elle ne rédige pas tout court. Elle agence, elle empile, elle produit. Ce n’est pas le même métier. Tant que cette confusion perdurera, la valeur du contenula vraie, continuera, elle, de s’effondrer.

Ce n’est pas le profil Malt ou Fiverr qui est une erreur. C’est d’imaginer qu’un bon texte se vend comme un service express. En rédaction web comme ailleurs, ce que vous vendez… c’est votre regard. Votre voix. Votre exigence. La vraie perte de temps, c’est donc de penser qu’il suffit d’être visible pour être choisi. Je suis peut-être une idéaliste, mais je ne veux pas juste être trouvée. Je veux être reconnue. Pour cela, il n’y a qu’un seul chemin : écrire justeécrire vrai et écrire fort. Parce qu’au bout du scroll, il n’y a pas un algorithme. Il y a quelqu’un qui lit et qui, peut-être, se souviendra de moi. Ce métier mérite mieux et nous aussi !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*