À l’ère de l’IA peut-on encore faire confiance aux images qu’on voit ? – Light Agency

Scène vécue il y a quelques jours à peine : mon fils de 13 ans me tend son téléphone, bouleversé. Une vidéo TikTok montre un accident grave à l’étranger. Des hurlements, des corps au sol. Il y croit. Moi aussi … au début. Rien toutefois dans la presse. Rien non plus sur les fils d’info. Je cherche. Je finis par comprendre : la scène est fausse. Générée par IA. Parfaitement crédible, totalement inventée. Aucune mention ne l’indique.
Combien de contenus comme celui-là circulent chaque jour sans que nous sachions qu’ils sont artificiels ? À force d’images générées, pouvons-nous encore croire ce que nous voyons ? Surtout : ne devons-nous pas poser des règles ?
Des images trop parfaites pour être vraies… mais qu’on croit quand même !
Certaines images générées par IA sont si lisses, si « parfaites » qu’elles ne ressemblent pas à la réalité. Pourtant ? C’est précisément cette perfection qui nous piège.
Une photo prise sur le vif, dans la vraie vie, est rarement idéale. Oui. Elle tremble, elle floute, elle coupe des visages. Les images créées par IA, elles, corrigent tout ça. Elles produisent des scènes « comme on les imagine », pas comme elles sont. C’est là que ça devient vicieux.
Quand nous voyons une explosion, une guerre, un visage bouleversé dans une lumière parfaite… notre cerveau ne se méfie pas. Il est comme Saint Thomas. Il croit ce qu’il voit ! Parce que l’image est crédible. Parce que nous avons déjà vu ce genre de scènes au journal télé. Parce que nous ne pensons pas qu’un compte TikTok random pourrait inventer cette horreur.
Un générateur d’images aujourd’hui peut produire en quelques secondes un faux attentat, un faux tremblement de terre ou une fausse manifestation avec des détails glaçants. Si la personne qui publie ne précise rien, rien ne permet de faire la différence. Jamais.
Des émotions bien réelles… pour des images entièrement fausses !
Le plus troublant dans cette histoire, ce n’est pas l’image elle-même. C’est malheureusement la réaction qu’elle provoque. Mon fils l’a vécue de plein fouet. Il a ressenti de la peine, de la peur, de l’empathie. Rien de factice dans ses émotions. Pourtant… il réagissait à un faux.
C’est là que l’IA devient dérangeante. Car si elle peut créer des visages, des gestes, des ambiances crédibles, elle peut aussi fabriquer des émotions en cascade. Pas chez les machines. Non. Chez nous.
Nous nous indignons, nous compatissons, nous nous inquiétons pour des histoires n’existant pas. Tant qu’aucune mention ne sera faite, mieux qu’aucune règle n’imposera la transparence, ces fausses images continueront de produire de vrais effets.
Le danger est bien présent. Oui. Des vidéos virales ont déjà semé le doute sur des conflits, des personnalités publiques, ou des catastrophes. Certains croient à tout. D’autres ne croient plus à rien. Dans les deux cas : la confusion gagne. C’est exactement ce que ces images font de mieux.
Images IA : l’absence de règles génère la confusion !
Il n’existe aujourd’hui, en France, aucune obligation de signaler qu’une image est générée par intelligence artificielle. Ni sur les réseaux sociaux. Ni dans les médias. Ni dans les campagnes politiques ou commerciales. C’est simple : tout peut être faux, et personne n’est tenu de le dire.
Alors bien sûr, certaines plateformes commencent à réfléchir à des outils de détection. Des gouvernements évoquent la nécessité d’encadrer. En attendant ? Les images IA circulent librement, malheureusement, bien plus vite que la vérité.
Ce flou est loin d’être neutre. Quand un faux portrait suscite de vraies émotions. Quand une image inventée influence l’opinion publique… Qui est responsable ? Le créateur ? La plateforme ? Nous, qui partageons sans vérifier ? La vérité, c’est que rien n’est prévu pour nous aider à y voir clair.
Tant qu’aucune règle n’obligera à dire « ceci est généré par IA », la confusion sera non seulement possible, mais permise. Le problème ? Elle sert très bien ceux ayant intérêt à ce que nous ne sachions plus quoi croire.
Alors oui, l’intelligence artificielle ne va pas s’arrêter de créer.
Peut-on encore cependant, nous, continuer à regarder sans rien demander ? Pas forcément une loi révolutionnaire. Mais un minimum de clarté. Une règle simple, visible. Un signal pour dire : « attention, ceci est une illusion ». Parce qu’à force de brouiller les repères, ce n’est pas juste notre regard qui se trouble. C’est notre capacité à faire la différence entre le vrai et le faux. À force ? Ça ne touche plus seulement nos écrans. Ça finit par toucher notre jugement. Ça, aucune IA ne pourra le réparer.

Laisser un commentaire